Dans le cadre du Labex Les Passés dans le présent, le projet 2ARC, porté par des membres de l'équipe d'Ethnologie préhistorique (coord. Goutas, Bodu & Mevel - UMR 7041), a pour objectif la préservation, la mise en valeur de l'Histoire, du Patrimoine et de la mémoire des documents concernant les fouilles réalisées depuis le 19ème siècle dans différentes cavités du massif d'Arcy-sur-Cure, et en particulier celles d' André Leroi-Gourhan (1946-1963).

Enquêtes sur les archives

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Cliché © Claire Artemyz, "Revisiter les fouilles d’Arcy" (projet artistique conduit dans le cadre du projet 2ARC).

Les données archivistiques ont été le support de plusieurs travaux de recherches réalisés entre 2016 et 2017.

Le sujet de Master I porté par E. Le Gueut - sous la direction de Maxime L’Héritier (Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis) - a été défini en concertation avec les coordonnateurs du projet de 2ARC et le service Archives de l’USR 3225. Ce mémoire a permis la réalisation d’une synthèse inédite des opérations de fouilles réalisées à la Grotte du Trilobite, depuis sa découverte en 1886 par le Dr Adrien Ficatier (1854-1915) jusqu’aux dernières opérations de désobstruction effectuées en 1953 par Pierre Poulain (1921-1987), co-responsable du chantier de la grotte du Renne ; tout ceci, sous contrôle scientifique d’André Leroi-Gourhan.

Les principales informations relatives aux différentes interventions qui ont eu lieu sur le gisement sont désormais rassemblées, retranscrites et accessibles à l’équipe scientifique. Ce travail a été rendu possible grâce au prêt de documents rares transmis par le Musée de l’Avallonnais et la famille de Pierre Poulain aux membres de l’équipe d’Ethnologie préhistorique. Le musée de l’Avallonnais conserve, en effet, les cahiers d’études (journaux de fouilles) de l’abbé Alexandre Parat (1843-1931) qui, après le Dr Ficatier, a investi le site de 1891 à 1898. La famille de Poulain a prêté à l’équipe un petit échantillon de documents prélevé dans les archives de l’ancien conservateur du Musée d’Avallon et collaborateur d’André Leroi-Gourhan sur les chantiers d’Arcy-sur-Cure. Il s’agit essentiellement de carnets de fouilles du Trilobite, de correspondances et compte-rendu de sorties du SCA dont Pierre Poulain était le directeur. Une partie de ces documents fera prochainement l’objet d’un don à l’équipe Ethnologie préhistorique.

Le second travail de recherche directement lié aux archives a été conduit par Alfonso Ramirez Galicia, chercheur mexicain, dans le cadre d’une bourse de 4 mois financée par le projet 2ARC. Ce travail a donné lieu à la rédaction d’une analyse détaillée de 78 pages intitulée : « Au chantier-école de fouilles d’Arcy-sur-Cure (Yonne) 1946-1963 : un cas d’étude sur la professionnalisation de l’archéologie préhistorique ».

L’objectif était d’abord de systématiser des données anciennes dans un format adapté à leur exploitation scientifique contemporaine pour ensuite construire, à la manière d’une enquête ethnographique, une histoire des pratiques scientifiques passées – fondées sur la reconstitution détaillée de la vie sur le chantier – et ainsi contribuer à une étude comparative du processus de professionnalisation de l’archéologie préhistorique, pendant les années 1940-1960. Plus concrètement, la recherche d’Alfonso a, premièrement, permis de produire une série de plans qui représentent les étapes de réalisation de la première campagne de fouilles à la grotte du Renne (1949). Ces plans ont permis, notamment, de reconstituer une « surface d’habitat » possible dans une zone et un niveau de la grotte (i.e. « niveau V ») restés problématiques jusqu’à nos jours – en raison de l’histoire complexe des recherches et par l’absence d’une publication définitive à l’époque de Leroi-Gourhan. Deuxièmement, ce travail a permis la mise au jour d’éléments sur la nature des processus d’innovation méthodologique, dans la reconstitution détaillée – voire, « ethnographique » – de cette première campagne à la grotte du Renne.

Un article de synthèse est en cours d’achèvement. Ce travail a enfin aussi été valorisé par une communication orale dans le cadre d’un séminaire « Rencontre jeunes chercheurs » organisé par le Labex, le 21 juin 2017.

 

Texte écrit par N. Goutas et L. Mevel

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