Dans le cadre du Labex Les Passés dans le présent, le projet 2ARC, porté par des membres de l'équipe d'Ethnologie préhistorique (coord. Goutas, Bodu & Mevel - UMR 7041), a pour objectif la préservation, la mise en valeur de l'Histoire, du Patrimoine et de la mémoire des documents concernant les fouilles réalisées depuis le 19ème siècle dans différentes cavités du massif d'Arcy-sur-Cure, et en particulier celles d' André Leroi-Gourhan (1946-1963).

Le site d'Arcy-sur-Cure

Arcy-sur-Cure (Yonne) est un gisement de référence pour le Paléolithique du Centre Est de la France, mais c’est aussi, historiquement, un laboratoire d’étude majeur pour les préhistoriens de la moitié nord de la France. Le massif d'Arcy-sur-Cure/ Saint-Moré est l’une des zones les plus riches en occupations préhistoriques du Bassin parisien. Aujourd’hui, on dénombre une quinzaine de grottes et abris qui ont livré, depuis la fin du XIXe siècle, des vestiges d’occupations allant du Paléolithique moyen au Néolithique. La diversité des vestiges conservés (industries lithiques et osseuses, parures, céramiques, faunes, restes humains), autant que la présence d’un art pariétal (Grande grotte et grotte du Cheval) offrent un contexte de recherche exceptionnel, qui mérite largement d’être connu d’un très large public.

Le massif d’Arcy/Saint-Moré est l’un des très rares gisements français où la transition entre l’homme de Neandertal et les hommes modernes a pu être mise en évidence… Des niveaux châtelperroniens ont ainsi été fouillés dans la grotte du Renne et ont livré de très exceptionnels vestiges humains néandertaliens dans des niveaux où des parures et une industrie osseuse ne sont pas sans rappeler des préoccupations de Sapiens sapiens.

Plus largement, les grottes d’Arcy-sur-Cure/Saint-Moré tiennent une place particulière dans l’historiographie des recherches, à la fois sur le Paléolithique supérieur ancien et sur le Bassin parisien.

Si les recherches institutionnelles et universitaires en France se sont pendant longtemps concentrées sur les problématiques relatives aux sociétés du Tardiglaciaire, l’apparent hiatus en termes d’occupations humaines « anté-magdaléniennes » dans le Bassin parisien aura aussi contribué à une certaine marginalisation de la recherche dans cette région (Bodu et Mevel, 2013). Dans un contexte où le Bassin parisien faisait presque figure de « No man’s land » en comparaison avec les nombreuses occupations paléolithiques du Sud-Ouest et du Centre de la France, la richesse et la diversité des occupations paléolithiques des grottes d’Arcy-sur-Cure/Saint-Moré en faisaient assurément un terrain d’étude des plus prometteurs. Mais pendant longtemps, faute d’éléments de comparaison régionale suffisamment nombreux ou totalement pertinents, les grottes de ce massif furent essentiellement appréhendées dans une dimension extra-régionale.

Ce n’est qu’à partir du début des années 1970, que s’opère un véritable changement de paradigme dans l’étude de l’occupation du territoire dans le Bassin parisien. Cette situation tient à la fois à la publication d’une thèse majeure dans le renouvellement des connaissances, celle de B. Schmider en 1971, à la multiplication des opérations de terrain, préventives et programmées, à partir des années 1990, et enfin au développement croissant des études réalisées en contexte universitaire, mais aussi au sein de l’INRAP, du CNRS, et des différents services régionaux de l’Archéologie.

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