Dans le cadre du Labex Les Passés dans le présent, le projet 2ARC, porté par des membres de l'équipe d'Ethnologie préhistorique (coord. Goutas, Bodu & Mevel - UMR 7041), a pour objectif la préservation, la mise en valeur de l'Histoire, du Patrimoine et de la mémoire des documents concernant les fouilles réalisées depuis le 19ème siècle dans différentes cavités du massif d'Arcy-sur-Cure, et en particulier celles d' André Leroi-Gourhan (1946-1963).

La démarche du restaurateur

La conservation-restauration du bâton percé de la grotte du Trilobite (Arcy/Cure) a permis d’améliorer la compréhension des gravures, tout en assurant que les futures manipulations soient sans risque pour l’artefact.

 

Bâton percé avec décor gravé (renne nageant sur l’eau) provenant de la Grotte du Trilobite, Arcy-sur-Cure : schéma du constat d’état, Musée de l’Avallonnais (Avallon, Bourgogne). © Florent Duval

La découverte récente des gravures sur ce bâton percé exhumé anciennement lui a donné une plus grande valeur scientifique. Leur interprétation, aisée sur une face, est rendue très difficile sur l’autre face à cause de concrétions épaisses qui cachent une partie importante de la surface. L’objectif principal de la conservation-restauration était donc d’éliminer ces concrétions et ainsi de révéler de nouvelles gravures.

Un constat d’état détaillé a mis en évidence que la surface de l’objet était recouverte à 90% de concrétions calcaires (voir figure X : schéma du constat d’état). Certaines sont si fines qu’elles donnent juste un lustré brillant à la surface (ex. tête du renne). D’autres sont épaisses de plusieurs millimètres et cachent complètement la surface en dessous.

Le constat d’état a également révélé que, bien que peu lacunaire, le bâton percé reste fragile : matière osseuse friable d’aspect crayeux, nombreuses cupules de pertes de matières et fissures profondes qui risquent de s’agrandir.

Le traitement de conservation-restauration a donc débuté par le dégagement des concrétions calcaires. Il a été réalisé intégralement sous loupe binoculaire (voir figure X : espace de travail), soit avec une fraise diamantée montée sur microtour (pour amoindrir les concrétions épaisses), soit avec un scalpel (pour le travail de précision). Cette opération était longue et minutieuse car la surface de l’objet était très friable (voir figure X : exemple de dégagement).

Pour cette raison, le traitement s’est poursuivi par une consolidation des zones fragiles. Un produit acrylique (Paraloid B72 à 3% dans l’acétone) a donc été appliqué au pinceau au niveau des cupules de pertes de matières et sur toutes les zones où la surface a été mise au jour par le dégagement.

Enfin, un conditionnement adapté à l’artefact a été réalisé afin d’éviter l’empoussièrement et les chocs. En effet, le bâton percé reste un objet fragile et doit donc être manipulé avec beaucoup de précaution.

Ainsi, l’intervention de conservation permet à chaque personne travaillant sur ce bâton percé de le manipuler sans craindre un nouvel émiettement. Tandis que le traitement de restauration a amélioré la lecture des stries de rainurage et a révélé de nouvelles gravures ainsi que des traces d’ocre dans plusieurs sillons (voir figure X : relevé des nouvelles gravures).

 

Texte écrit par Florent Duval
Conservateur-restaurateur d’objets archéologiques
Florent.duval [at] yahoo.fr

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