L'abbé Parat
L’abbé Alexandre Parat (17 décembre 1843 - 21 décembre 1931)
L’abbé Parat est un clerc-érudit de la région d’Arcy-sur-Cure, autodidacte, passionné de géologie et de préhistoire. Tout au long de sa vie il parcours le département de l’Yonne et inventorie et fouille un grand nombre de sites archéologiques, seul ou accompagné de quelques terrassiers. Il note, analyse ou fait analyser le résultat de ses découvertes, avec une rigueur remarquable pour l’époque. Il fréquente les réseaux scientifiques de la fin du XIXe siècle et ses travaux sont reconnus. Membre de plusieurs sociétés savantes, présents dans les congrès nationaux et internationaux (1900) organisés depuis le milieu du siècle, l’abbé Parat est une personnalité incontournable de l’histoire de la recherche archéologique dans l’Yonne pour la période de la fin du XIXe et du début XXe siècle.
Louis, Alexandre Parat est né le 17 décembre à Toucy (Yonne). Il est le fils de Edme Parat (30 ans) et Marie Alexandrine Leclerc (36 ans). Il est le quatrième enfant du couple. Son père exerce dans le village la profession de boucher, comme son père. À 16 ans il entre en formation dans une pharmacie de Toucy puis se rend à Paris où il trouve en emploi de commis pharmacien. Il quitte rapidement cet univers pour un poste de commis libraire à Sens et manifeste de plus en plus le désir de se faire prêtre à l'exemple d'un de ses grands-oncles, ce que sa mère lui refuse. Après une grave maladie qu’il contracte à l’âge de vingt ans, il est autorisé à suivre les cours du Grand Séminaire à Sens. Exempté, il échappe à la guerre de 1870. Il est ordonné prêtre en mai 1872, à l’âge de 29 ans. Il débute à Lalande et Levis, deux petites communes située au sud de Toucy, en Puisaye. « Parcourant les campagnes pour exercer son ministère, il se mit bientôt à collectionner les fossiles que la charrue met au jour. Il recueillit d'abord ces petits oursins arrondis, ornés d'un cœur bien dessiné, que les gens du pays nomment des « bergères », et ces premiers échantillons causaient de si grands dommages aux poches de sa soutane qu'il fallut les doubler solidement avec ce droguet rayé de bleu qu'on employait alors pour les pantalons de travail» (Bulletin de la Société d'études d'Avallon 1932).
En 1890, il s’installe à Précy-le-Sec et entame ses premières explorations dans les grottes de la Cure (grotte des Fées, du Trilobite), et en particulier celles de la Côte de Chair. Au même moment, il commence à collaborer avec la Société d’Études d’Avallon.
En 1895, l'abbé Parat est muté à la cure de Bois d’Arcy, une cure plus centrale et moins chargée qui lui permet de poursuivre ses travaux de prospection pendant près de 16 ans. « Il fait dans tous les environs d'Arcy-sur-Cure des observations géologiques, explore une multitude de grottes bordant et dominant le cours de la Cure et celui de l'Yonne, il relève leurs plans (avec le concours de M. Mathieu, alors agent-voyer à Vermenton, actuellement secrétaire de la Société d'Études d'Avallon), il explique leur formation, fouille minutieusement leur sol. Il y trouve et détermine les ossements des animaux de l'époque quaternaire (mammouth, ours des cavernes, auroch, etc.) et l'outillage des premiers hommes (pierres taillées, puis polies, os gravés ou transformés en poinçons). Les collections nées de ses recherches constituent son premier petit « Musée local » à Arcy, puis enrichissent l'école Saint-Jacques de Joigny (…) » (H. Desbarres, Bulletin de la Société d'études d'Avallon 1932).
Attaché à la transmission de ses connaissances à tous les publics, il donne de nombreuses communications lors de congrès internationaux, dans des manifestations organisées par des sociétés savantes et organisera des conférences scientifiques populaires sur des sujets variés. Une grande partie de ses conférences sont par la suite imprimées à compte d’auteur, vendues ou distribuées. Elles portent sur : « La métallurgie ancienne », « Le granit du Morvan », « La rivière du Cousin (Yonne) », « Les volcans et les tremblements de terre » ou « Le chasseur préhistorique de la vallée de l’Yonne ». D’après les notes de Pierre Poulain, « il aurait voulu que chaque village ait son petit Musée "La mémoire du passé" » (Archives Pierre Poulain).
Le 14 juin 1907, il reçoit la médaille de vermeil de la Société Française d’Archéologie pour ses travaux Archéologiques, et particulièrement pour ceux réalisés au camp de Cora. À partir de 1912, il est chargé par le Ministère de l’instruction publique d’un inventaire des dolmens et menhirs de la région. Dans le même temps, il prend part à l'installation du musée d'Avallon dans la maison de « Gouvenain », travaille au transport des collections et prépare l’aménagement des nouvelles salles.
En 1914, il s’installe à Avallon où pendant la guerre il assure le service religieux des communes de Magny et Guillon. En 1916, il commence à travailler à la rédaction et à la publication de ses « Notices archéologiques et villageoises ». Pour lui, tout était sujet d'étude : villages, châteaux, chapelles, routes, camps, villas romaines. Après le premier conflit mondial, il occupe la cure de Pontaubert où il restera jusqu’à sa retraite en 1927. En 1921, il est nommé membre correspondant de la Section des monuments historiques pour l’Yonne, il est promu officier de l’instruction publique. Le 1er janvier 1928, il est nommé : vice-président de la société d’études d’Avallon, conservateur du musée de la société d'études et du prieuré de Saint-Jean et membre de la « commission d’examen des travaux à publier » au bulletin de la société d’études. En 1930, il entreprend l’édition à compte d’auteur d’une petite revue trimestrielle : La Feuille de vie avallonnaise qui l’occupe jusqu’à sa mort le 21 décembre 1931.
Principaux travaux archéologiques 1891-1909 :
Grottes de Saint Moré : Le Renard (1891) – Grottes d’Arcy : Les Fées (1891) – Grottes d’Arcy : Le Trilobite (1891) – Grottes d’Arcy : Le Trilobite (1892) – Grottes d’Arcy : Les Fées (1892) – Grotte du Vau de Bouche, grotte Saint Paul, grotte des Loups (1892) – Grotte de la Roche au Larron (1892) – Grotte dite de la Roche à la Grange (1893) – Grotte de la Roche au Lierre (1893) – Grottes de Saint Moré : Le Muet (1893) – Grottes de Saint Moré : Grotte du Mammouth (1893) – Grottes de Saint Moré : Grotte Saint-Joseph – Des Hommes (1893) – Grottes de Saint Moré : Grotte des Blaireaux (1894) – Grottes de Saint Moré : Le Trou de la Marmotte – Le Trou du Renard (1894) – Grottes des ours (Arcy) (1894) – La Vipère (1895) – Le camps préhistorique ou la grotte du mont Tapeau (1900) – Grotte du Trilobite (1895) – Grotte des Fées (1895) – Grotte du Trilobite (1896) – Roche percée (1896) – La chambre du tisserand (1896) – La grotte du crapaud (1896) – La grotte de Vermont (1897) – Grotte du Trilobite (1897) – La grotte de la Dame (Vestigny) (1898) – Saussois (1898) – L’entonnoir et ses voisins (1897) – Abri de la cabane et la cabane (1897) – La grotte de Ravereau au bois du Parc (1897) – La roche au loup (1897) – Le trou de l’Hyène (Arcy) (1898) – Grotte des Fées (1898-1899)– Le trou du cheval (1899) – Grotte de Laugane ou du chemin neuf (1899) – La roche Moricard (1899) – La grotte de Voutenay (1899) – L’abri des Chaumes de St Moré (1899) – Le bourg de Gireller (1900) – Le vieux château (1901) – Grotte de la roche au larron (1901) – Grotte du Crot Lonat (1901) – Station de l’époque de Chelles-Avallon-Etang Minard (1901) – La roche au chat, ville Auxerre (1902) – Ville Auxerre-station néolithique (1902) – La Rochère (1903) – Camp de Chora (1903-1904) – La Roche-Belin-Festigny-Bois de Dame (1904) – Vaudonjon-cimetière mérovingien (1905) – Cimetière franc de Vaudonjon (1905) – Première fouille Terrade-note des ouvriers (1905) – Inventaire Terrade Vaudonjon-tombes (1905) – Givry (1905) – Suite de fouilles de Vaudonjon par M. Terrade (1905) – Cimetière de Vaudonjon-cahiers de Clément Lernoux qui a fouillé avec le jeune limosin de Blannay pour M. Terrade (1905) – Le Montmartre (1907-1909).
Texte écrit par E. Le Gueut